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Atteindre la substantifique moelle du savoir

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Lorsque les connaissances scolaires ne suffisent pas

Sa scolarité, Christophe Aeby, étudiant en pharmacie à l'Université de Bâle, l'a survolée non sans encombres. Doté d'un cerveau hors norme avec un QI supérieur à 130, c'est pourtant un élève bien armé sur le plan intellectuel. Mais ses résultats scolaires ne suivent pas toujours. Entre ennui et démotivation, il témoigne de ses années passées sur les bancs d'école.

«En primaire, je ne présentais aucune difficulté. Par contre, je n'avais aucun plaisir car je m'ennuyais ferme à l'école. Les cours étaient pour moi beaucoup trop faciles», confie le jeune homme. Ses parents l'ont alors beaucoup encouragé et accompagné dans son parcours scolaire. A l'école secondaire, ses résultats sont médiocres. Le Fribourgeois termine ses trois ans de cycle d'orientation avec des notes moyennes. À l'époque, l'adolescent ne sait pas encore qu'il est doté d'un QI bien supérieur à la moyenne même s'il se rend compte que les cours donnés ne lui suffisent pas sur le plan mental. «J'avais besoin d'une plus grande diversité. C'est, dans cette optique, que je me suis engagé dans la vie sociale de mon établissement scolaire», se souvient-il. Nommé délégué de classe, il décide alors d'organiser des événements festifs au sein de son école. Son envie de s'épanouir au-delà du contexte scolaire le pousse à la découverte des arts martiaux. «Je m'entraînais alors trois fois par semaine», souligne-t-il. Doté d'une grande sensibilité, l'adolescent décide de la mettre à profit en donnant, également, des cours d'arts martiaux pour les enfants.

À la découverte de soi

Une fois sa scolarité obligatoire achevée, l'étudiant ressent un profond ral-le-bol. «N'ayant aucun plaisir sur les bancs d'école, je n'avais plus envie de continuer ma scolarité. Mes parents m'ont alors proposé de partir une année en Allemagne, histoire de perfectionner mes connaissances linguistiques», raconte-t-il. De ses douze mois passés à l'étranger, Christophe Aeby garde un souvenir inoubliable. «Ce fut une expérience mémorable où j'ai pris confiance en moi, malgré des débuts difficiles». Son séjour commence, en effet, très mal. La première famille qui l'accueille fait preuve d'une froideur inouïe. «Elle ne se souciait guère de moi», se rappelle-t-il. Livré à lui-même et devant mener sa barque seul, l'adolescent prend conscience de ses propres ressources et de ses compétences. «Ce voyage a été déterminant dans la poursuite de mes études», confie-t-il. Après six mois passés dans le pays de Goethe, le Fribourgeois est accueilli par une autre famille allemande, chaleureuse et très à l'écoute, cette fois. À la fin de son séjour, sa mère d'accueil lui assure qu'il va être amené à accomplir de grandes choses dans la vie grâce à son sens élevé de la justice, sa sensibilité et son intelligence. «Ça a été un réel électrochoc. Auparavant, personne ne m'avait prédit un tel destin. Il faut dire que mes parents m'ont toujours traité comme une personne normale. Ils ne m'ont jamais mis sur un piédestal mais, néanmoins, toujours soutenus dans mes choix», explique-t-il.

Curiosité inassouvie

De retour en Suisse, le Fribourgeois entre au collège et suit un cursus en allemand. Comme il s'ennuie toujours autant en cours et qu'il ressent le besoin de se mettre au service des autres, il décide, à nouveau, de s'impliquer dans la vie sociale de son établissement de formation. Dans ce cadre, il prend part à l'organisation du jubilé de son collège. Il crée aussi, avec un groupe d'amis, le «Forum de la banane dansante». A l'époque, les «chats» de discussions en ligne sont à la mode. Le natif de Belfaux place le débat d'idées au coeur de son action. «Sur notre site internet, on débattait de tout, se souvient-il, de politique mais aussi d'économie, de sciences ou encore de philosophie». Un exercice cérébral très stimulant pour le jeune surdoué mais qui doit, malheureusement, s'arrêter faute de temps et de mauvais résultats scolaires. «A la fin de ma deuxième année de collège, je n'avais pas la moyenne. J'ai dû repasser ma seconde mais, cette fois, j'ai suivi les cours en français», informe-t-il.

Et parcours chaotique

Deux ans plus tard, le collégien se trouve, à nouveau, en situation d'échec à cause d'un examen en sciences des religions. Il lui manque 0.05 points pour obtenir la moyenne. Un conseil de professeurs se réunit pour décider de son sort. Faut-il le faire redoubler, telle est la question que se posent les enseignants. Ces derniers décident de le laisser passer son année à condition qu'il consulte un psychologue. «J'y suis allé sans problème. D'autant plus que je trouvais intéressant de voir comment un thérapeute travaille puisque j'étudiais, en option, la pédagogie-psychologie. Pas une seule seconde, je me suis douté que j'étais à haut potentiel», confie-t-il. Un test de QI plus tard et voilà le diagnostic posé. «Sur le moment, je ne me suis pas réellement rendu compte de ce que la surdouance impliquait. Je ne pensais pas que mon cerveau fonctionnait différemment des autres». Il a besoin, en effet, d'être nourri continuellement. Son travail de maturité lui offre alors un «os à ronger». Il s'y consacre corps et âme. Son sujet? L'évolution du sentiment amoureux sur le plan biochimique. «Cette étude m'a permis de mener des recherches plus poussées et mon envie de poursuivre une formation en pharmacie a vu le jour», raconte-t-il. Son baccalauréat en poche, le jeune homme s'inscrit à l'Université de Fribourg puis à l'Université de Bâle. Après un Bachelor en pharmacie, il poursuit, actuellement, son master dans le même domaine toujours dans la haute école bâloise. Si sa formation lui plait énormément, elle n'a pas encore assouvi sa soif de connaissances et de nouvelles expériences. Pour y parvenir, le natif de Belfaux s'est mis au défi d'intégrer la vice-présidence puis la présidence de l'association suisse des étudiants en pharmacie, l'asep. Un véritable challenge pour un Romand. En 2012, il y est parvenu. Le futur diplômé est aussi membre de plusieurs sociétés d'étudiants comme la Sarinia, l'Activitas et les Froburger. «Toutes ces activités m'ont, au final, beaucoup plus apporté que ce que je leur ai donné. Elles m'ont permis de sortir de mon cocon. Ma timidité s'est complètement évaporée», indique-t-il. Son futur, le jeune adulte l'entrevoit dans le domaine de la pharmacie, soit dans les hôpitaux ou l'industrie. «Je me verrai bien aussi oeuvrer en officine, mais rien n'est décidé pour le moment». Un avenir tout tracé pour un surdoué qui a su trouver sa voie malgré un parcours scolaire chaotique.

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