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Les tableaux noirs en route pour le Togo

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«Mon ami, on va mettre ces cartons là-bas et les scotcher. S'il reste de la place, on mettra des dictionnaires, c'est plus utile pour la tête que des classeurs!» Mardi matin, une dizaine de personnes s'affairaient autour d'un container, dans une entreprise de construction à Vernier (GE). Leur mission: le remplir de centaines de tableaux noirs récupérés dans les écoles secondaires du Canton de Genève (lire plus bas).
Entre 10 et 15 anciens professeurs font partie du Groupe d'enseignants pour la coordination de la redistribution interscolaire, qui a pour but de donner une seconde vie au matériel scolaire. Né il y a une trentaine d'années, le GECRI a déjà fait des envois dans 35 pays sur quatre continents.

Olivier Coste, de l'association GECRI (Groupe d'enseignants pour la coordination de la redistribution interscolaire), grimpe et fait le compte: 172 tableaux y sont déjà rangés. Pendant ce temps, le chariot élévateur dépose les piles de tableaux noirs dans le container. Quatre ouvriers les réceptionnent et les rangent tout au fond. Plus loin, un ouvrier dévisse les fixations des supports muraux, qui prennent trop de place. Les rails métalliques serviront à installer des panneaux solaires.

Journée de dur labeur

Le container mesure 12m de long pour 78m3. Les supports muraux, eux, font 3m sur 1m20, avec deux volets de 1m50. Charger le camion prendra la journée, ainsi qu'une partie du lendemain. En fait, Olivier et ses acolytes ne pensaient pas qu'il y aurait autant de place. «Il faut se bouger pour amener du matos!» lance l'un, entre le fracas du chantier d'en face, les avions qui atterrissent et la circulation sur la grande route. En fin de journée, il fallait encore aller chercher cinquante pupitres et chaises à l'école de commerce André-Chavannes, ainsi que des palettes de livres et des machines à coudre dans d'autres établissements, pour remplir l'espace restant.

Mercredi soir, le chargement doit prendre la route pour Anvers. Après un trajet de 11 heures, il embarquera sur un bateau et devrait arriver à Lomé après 15-20 jours de navigation. La traversée maritime revient à 6000?fr. Le coût global de l'opération, qui avoisine les 10'000?fr. est pris en charge par Afrique-École. L'association réceptionnera le matériel et s'occupera de superviser son acheminement vers les écoles du nord, la région la plus défavorisée du pays. Les tableaux seront vissés aux murs et ne seront pas amovibles. Ils devraient tous être installés d'ici Noël. Actuellement, les enseignants écrivent sur des murs rugueux peints en noir.



Nouvelle technologie

Le Canton de Genève doit avoir équipé toutes les classes du secondaire de rétroprojecteurs numériques d'ici début 2017. Pour l'instant, moins de 500 classes sur 2600 le sont, selon «Le Courrier». L'installation a pris du retard pour des raisons budgétaires. Le nouveau matériel (ordinateur, écran interactif et beamer) coûte environ 2000 fr. par classe. Le prix d'un tableau noir est de 1500 fr.

Olivier Coste a proposé son projet aux Départements de l'instruction publique (DIP) et des finances, qui ont accepté de lui donner les tableaux noirs. «Ceux qui ne pouvaient pas être récupérés ont été détruits, le reste a été confié à l'association GECRI», indique Pierre-Antoine Preti. Et le porte-parole du DIP de préciser: «Ces tableaux noirs datent de la réalisation des bâtiments, parfois vieux de plus de 30 ans. Un changement aussi rare et important est à considérer comme un événement unique. La coopération avec l'association GECRI permettra de donner une deuxième vie à ce matériel scolaire.»

(Source 20 minutes)

(07.09.2016)
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